Publicité
"Secret Maps" à la British Library
Une exposition poétique et surprenante qui révèle comment notre vision du Monde est manipulée depuis des siècles par la géopolitique.
Où se situe le centre du Monde ? Même Zeus s’est posé la question !



photos F. Joyce
Etonnamment les cartes ne s’accordent pas sur ce point, ni sur bien d’autres -comme la taille des continents ou les frontières…
En effet, les cartes – comme le révèle la toute dernière exposition de la British Library – sont loin d’être neutres et elles recèlent de multiples secrets. “Secret Maps” explore donc “les dessous” et le pouvoir des atlas. L’exposition propose un voyage dans le temps et une exploration du monde à travers une centaine de documents, plans et illustrations choisis pour leur esthétique ou leurs points de vues politiques engagés.
Ici : "Clyde the Big Red Indian" ajouté par l'artiste Myskoke sur une carte de 1892 dénonce l'appropriation des territoires indigènes d'Oklaoma par le gouvernement américain.

Elle expose les cartes les plus mystérieuses de l’histoire, du XIVᵉ siècle à nos jours : un plan militaire de la Seconde Guerre mondiale avec un système de grottes et de tampons rouges, une carte au trésor dessinée à la main et marquée d’un « X », des documents ultra-secrets du Débarquement qui cartographient la côte normande — assemblés à partir de missions de vol à basse altitude, de rapports d’agents des services spéciaux et de la Résistance française… Certaines cartes révèlent l’élaboration de stratégies militaires, des réseaux de câbles cachés. Jusqu’aux outils de surveillance d’aujourd’hui, elles abritent parfois des messages codés et en temps de guerre, des tromperies destinées à l'ennemi.

C’est une plongée dans l’univers de l'espionnage ! Et celui-ci commence dans votre quotidien, à votre insu. Il menace votre sécurité, au même titre que celle des politiciens, célébrités et autres business leaders. Exemple tout récent : les trajets du jet privé de la chanteuse Taylor Swift, postés en temps réel sur le compte twitter d'un de ses fans.

Le parcours de l'exposition propose un petit atelier interactif qui vous permet de projeter sur grand écran et sous forme de « points fluorescents » l’historique des données numériques de géolocalisation de VOTRE téléphone. Il suffit de le déposez 2 secondes sur le petit receptacle à cet effet. Le résultat est saisissant !



données géographiques de mon téléphone saisies par le logiciel de Secret Maps - photos F. Joyce
Le tracé et l’amplitude de tous vos déplacements enregistrés dans une mémoire invisible, apparaissent en mouvement et en rouge sur un fond noir afin que vos données personnelles restent anonymes. C’est amusant mais l’expérience dénonce surtout à quel point la confidentialité de votre vie privée est aujourd’hui vulnérable et facilement accessible. Il suffit d’un seul click et de quelques secondes.
Punaisées sur les murs de nos salles de classes ou illustrant nos cours de géographie les cartes nous sont toujours apparues comme immuables, comme des représentations absolues et objectives de réalités topographiques, historiques ou politiques.

En fait, la British Library nous montre qu’en réalité, elles révèlent autant qu’elles dissimulent. Nous avons de tous temps été trompés et manipulés !
Depuis des siècles, qu’il s’agisse de mappemondes anciennes ou de maquettes modernes, les cartes ont été utilisées au service d’objectifs politiques, militaires ou idéologiques. Elles témoignent des enjeux de leur époque. Chaque carte est un point de vue sur le monde.
Les cartes - en particulier celles réalisées pour les services de Défense Nationale- contiennent des informations de localisation confidentielles souvent codées. Au cours de l’Histoire, elles ont donc été cachées ou même falsifiées pour préserver des secrets d’Etat. La British Library expose quelque uns de ces trésors.

A commencer par la première représentation du globe Terrestre sur une feuille rectangulaire en 1569 par le géographe flamand Gerardus Mercator. Un tour de force et une grande première de figurer une forme sphérique sur une surface plane. C’est ce chef d’oeuvre, qui a permis aux capitaines de bateaux d’utiliser un cap constant, d’un point A à un point B sans avoir à recalculer la trajectoire de leur navire. Mais cette carte révolutionnaire impose aussi la vision personnelle de Mercator. Sa perception du monde est certes scientifique et mathématique. Mais sa vision est personnelle donc sans neutralité. Il sur-représente l’Europe au détriment de l’Afrique. Il ne choisit pas Delphes comme nombril du Monde comme l’aurait préféré Zeus !
Quant aux instruments utilisés pour élaborer les cartes, certains relèvent de la poésie et apparaissent comme un pied-de-nez à Google Maps ! Comme par exemple “les astrolabes”.



astrolabes, secret machine, géolocalisation moderne - photos F. Joyce
Les astrolabes sont des cartes célestes mobiles datant du Moyen Age permettant de visualiser les mouvements des étoiles. Ils étaient utilisés pour mesurer le temps et la position, mais aussi par les astrologues pour établir des horoscopes. On croyait qu’ils pouvaient révéler les secrets des étoiles.
Le format et le support de ces documents sont aussi parfois bien étonnants : peaux d’animaux, coupons de soie, lingerie ! Comme ici un soutien-gorge et une culotte en soie, réalisés pour Lady Mountbatten en 1949 brodés selon des cartes de résistants de la Seconde Guerre Mondiale.

Si les cartes facilitent surtout l’orientation dans l’espace, elles sont aussi parfois de simples jeux comme dans la série de livres “Where’s Wally?”. En tant qu’archives, elles indiquent bien plus que des informations spatiales.

Jusqu'au 18 janvier 2026
à la British Library