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Smartphone : un ami qui ne vous veux PAS du bien

Smartphone : un ami qui ne vous veux PAS du bien

Ne laissez pas vos enfants disparaître dans l'univers sombre et insondable du virtuel.

Francine Joyce
Membres Public

Rencontre exceptionnelle avec Jonathan Haidt, auteur de "The Anxious Generation", le bestseller qui fait le lien entre l'épidémie mondiale de dépression chez les jeunes d'aujourd'hui et leur addiction aux téléphones portables. Un livre qui oppose le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg et la prestigieuse école britannique : Eton College .

Jonathan Haidt - photo F. Joyce

Pour le meilleur mais aussi pour le pire, les ados de 2024 entretiennent une relation de dépendance plus ou moins toxique avec leur smartphone. Une “addiction” qui au-delà de fréquents maux de tête, de troubles du sommeil, d'altération de la vision, et de difficultés de concentration, les prédispose à l’anxiété et la dépression.

Dans son livre "The Anxious Generationle célèbre psychologue américain Jonathan Haidt explique pourquoi, selon ses recherches scientifiques, les étudiants d’aujourd’hui sont bien plus vulnérables que leurs aïnés.

photo F. Joyce

De passage à Londres ce 9 juillet 2024, il nous a accordé une interview fascinante mais inquiétante sur la santé mentale de nos enfants et des générations futures.

Le point de départ de cet essai de presque 400 pages est le développement parallèle de l’usage du numérique et des pathologies anxieuses, au cours des deux dernières décennies, tant aux Etats-Unis que dans les pays occidentaux. La généralisation des smartphones et l’accés sans limites à internet via les téléphones a radicalement transformé TOUS les aspects de la vie des jeunes - depuis la nature de leurs interactions sociales jusqu’à leurs résultats scolaires, leur alimentation et leur équilibre psychologique.

Jonathan Haidt explique : "En 2024 ils sont plus en sécurité que jamais. Les chiffres montrent qu’ils consomment moins d’alcool, fument moins et ont moins de risques d’avoir un accident de voiture que leurs ainés. Mais ils ne font plus la fête, ils ont déserté les piscines, les stades, les parcs de skate-board au profit des espaces virtuels. Plus à l’aise dans leur chambre qu’à l’extérieur, ils passent beaucoup plus de temps à la maison que dehors – contrairement aux générations précédentes qui rêvaient de joyeuses et secretes escapades nocturnes pour s’amuser ensemble loin du regard de leurs parents ! Mais ironiquement, malgré une proximité familiale renforcée, nos ados d’aujourd’hui  communiquent de moins en moins avec leurs proches. Ils “échangent” de manière décousue et distraite, entre-coupée de silences énigmatiques. Ils restent des heures le nez collé sur les messages qui défilent sur leur smartphone  … quand ils ne choisissent pas de partager des selfies avec des inconnus sur Facebook ou des “reels” sur Instagram. Concentrés sur leurs portables ils éludent les conversations pour s’engouffrer dans le monde irréel et obscur des distractions digitales. Confortablement retirés dans leur bulle numérique, ils passent de moins en moins de temps entre amis. Petit à petit, ils s’isolent, perdent le sens des réalités et s’enfoncent dans des pathologies anxieuses voire depressives."

 "Aujourd’hui, 80% des parents s’inquiètent -à juste titre- du temps passé au quotidien par leurs enfants devant les écrans : jusqu’à 7 heures par jour (en France, la moyenne se situe juste sous la barre des 4 heures par jour chez les 12 à 19 ans,)! streaming, réseaux sociaux, achats en ligne, communications, jeux-vidéos, etc… ce temps là est forcément pris sur d’autres activités. Or celles-ci, selon moi, sont essentielles au développement des enfants dont le cerveau est en phase de maturation et de structuration. Le portable bloque et transforme complètement leur vision du monde

Jonathan haidt - photo F. Joyce

Si les applications numériques constituent un véritable atout dans leur vie quotidienne et même leur éducation (avec un accés permanent et instantané à toutes sortes de plateformes culturelles et scientifiques, sites d’actualité, poles emplois …), une utilisation excessive voire addictive peut conduire à une réduction dramatique de leurs capacités attentionnelles, une fragmentation de leur concentration en classe, et une augmentation de leur niveau de stress."

Alertées par les conclusions de "The Anxious Generation", les autorités éducatives de Eton College sont ainsi les premières à étudier la mise en place d’une interdiction des portables au sein de leurs établissements. Une mesure drastique que Jonathan Haidt avait récemment discuté avec l’ex-premier minister britannique Rishi Sunak dans la perspective d’un projet de loi “phone-free schools

Dans l'attente de décisions gouvernementales dans ce sens, il se tourne dans les derniers chapitres de son ouvrage, vers des solutions facilement réalisables, efficaces et sans coût financier :

1)    Redonner plus d’indépendance et de libertés aux enfants (aujourd’hui surprotégés) pour qu’ils découvrent le monde réel (avec ses risques, ses dangers, ses interactions sociales) loin des écrans, pour qu'ils deviennent des adultes autonomes et responsables.

2)    Interdire jusqu’à 14 ans les smartphones qui bloquent leur exploration du monde extérieur, leurs experiences de la nature et de la vie en société.

3)    Refuser l’accés aux réseaux sociaux jusqu’à 16 ans pour protéger leur cerveaux encore vulnérables et fragiles des comparaisons dogmatives avec des idéaux gratuits et aléatoires,

4)    Ne pas autoriser les téléphones dans les enceintes scolaires pour promouvoir de vraies interactions entre élèves et pour booster leur travail en classe.

Le premier pas pour protéger vos enfants des dangers de l'anxiété, du stress et du pessimisme est à portée de mains ! Profitez des vacances en toute simplicité !

Déja traduit dans plusieurs langues, le livre sera disponible en français à la rentrée.

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