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Subvention royale : le prix de la Couronne
Le rapport financier qui détaille le montant de la subvention annuelle allouée au Roi Charles III a été publié aujourd’hui
À l’heure où Charles III apparait pour la première fois sur la « rich list », à la 263è place du classement des plus grosses fortunes de Grande-Bretagne, sa subvention annuelle (« Sovereign grant ») pour l’année fiscale 2022-2023 vient d’être publiée. Elle s’ajoute au « bas de laine » hérité de sa mère la Reine Elisabeth II et ne répond pas à une exigence de transparence. Étonnamment les chiffres sont similaires à l’année dernière.
Cette allocation correspond aux dépenses liées aux activités officielles de représentation du souverain et des membres de sa famille (sécurité, voyages, salaires des employés …). Andrew touchera moins cette année du fait de sa disgrâce.
Tout comme le Président de la République Française reçoit un salaire pour diriger la France, le chef de la monarchie britannique perçoit une somme annuelle. Un « salaire » en quelques sortes pour ses fonctions de représentation ou celles des membres actifs de la Royauté et pour l’entretien du château de Windsor et de Buckingham Palace qui appartiennent à la nation.
Le « Sovereign Grant Act » de 2011 est une « subvention de soutien au souverain ». Il correspond à 15% des bénéfices issus de la gestion des biens du vaste domaine royal. L’année dernière, il a atteint 86 millions de livres (presque 100 millions d'euros), dont 34 millions de livres pendant les dix prochaines années pour la rénovation de Buckingham Palace. Cette année, 86.3 millions de livres seront accordés à « la firme », ce qui correspond à 1.29£ par habitant (77 p l’année dernière) – c’est l’équivalent d’un timbre. Les dépenses du souverain ont augmenté d’environ 5% par rapport à l’année précédente, en raison en partie des coûts du Jubilé de Platine de la Reine Elisabeth II, puis de ses funérailles et enfin du couronnement de Charles et Camilla. À ces événements exceptionnels, il faut aussi ajouter l’augmentation de plus de 10% de l’Index des Prix « Consummer Price Index ».
À noter, les membres de la famille royale bénéficient d’un régime fiscal particulier qui les exonère des frais de succession…
Les membres de la famille royale se sont acquittés pendant cette dernière année de 2700 engagements au Royaume-Uni et à l’étranger, notamment la première visite officielle du Roi Charles III en Allemagne. 95 000 invités ont été reçus dans les résidences officielles en remerciement de leur contribution au bon fonctionnement et au rayonnement du pays.
Ces millions de livres de subvention publique perçus tous les ans par la Couronne sont à l’origine d’une éternelle polémique au Royaume-Uni. Économiquement parlant, le Roi est-il un boulet ou une aubaine ? Pour les pro-monarchie, cette « allocation » est indispensable au rayonnement de la royauté à l’étranger. La monarchie est de plus, selon eux, un investissement rentable ! Elle contribue à booster les revenus de la Grande-Bretagne par le tourisme et la vente de produits dérivés en lien avec la Couronne. La famille royale rapporterait 6 fois plus de revenus au pays que ce qu’elle coûte aux contribuables.
Ainsi, les monuments les plus visités à Londres sont ceux qui sont associés à la monarchie : l’abbaye de Westminster, la cathédrale St Paul, la Tour de Londres qui expose les joyaux de la couronne… En revanche, 40% des Britanniques ( en particulier la génération Z) ne se reconnaissent pas dans l’ordre établi et jugent ces dépenses décalées, excessives et inutiles. En cette période de crise du coût de la vie, le coût de la monarchie leur semble de plus en plus d’actualité. Les engagements caritatifs et écologiques de Charles III lui permettent toutefois de maintenir une certaine estime des jeunes et de succéder à une reine chérie, icône mondiale de continuité et de sens du devoir. Maintenant sorti de l'antichambre du Trône, il annonce un règne plus engagé et plus moderne dans la gestion des fonds qui lui sont aloués. Let's see !