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Blair, Churchill et le pot commun
L'humour anglais est délicieux mais lorsqu'il s'invite à l'Assemblée nationale c'est une autre histoire. Retrouvez deux premiers ministres britanniques en plein flagrant délit.
Période 1997
À lire devant le Palais Bourbon 75007
Un socialiste a-t-il été élu un 1er Mai au Royaume-uni ?
Oui, Tony Blair a bien remporté les élections générales, le 1er mai 1997, sur un programme travailliste, revu de fond en comble. Il prit ses fonctions, le lendemain, mais son appartenance « Socialiste » ne semble pas être confirmée par ses camarades français, à l’époque, du gouvernement de Lionel Jospin (PS).
Invité à Paris, le 24 mars 1998, il décide de s’adresser en Français à nos députés et devant l’ensemble du gouvernement du Premier ministre de l’époque, Lionel Jospin, leur explique sa vision politique (et linguistique).
Ce jeune premier ministre de 45 ans est heureux en ce jour, il se maintient dans les sondages, 250 000 chômeurs ont retrouvé le chemin de l’emploi depuis son élection et surtout il pourra s’exprimer en français, une langue qu’il aime et qu’il a apprise. Avec une dose de malice et une pincée de maladresse, il s’adresse en ces mots :
« Je ne suis pas le premier Premier ministre britannique à faire un discours en Français. Quand Winston Churchill a reçu la Croix de la Libération, il vous a averti dans son discours:
"J'ai déjà fait des discours en Français, mais c'était pendant la guerre et je ne voudrais pas vous faire subir de nouveau les épreuves des mauvais jours !".
Et quand il vous a parlé à la radio pendant la guerre, il a commencé par dire :
"Prenez garde, je vais parler en Anglais".
Je vais donc vous parler en Français. Alors courage !". J'espère que votre si belle langue ne sera pas trop malmenée. En tout cas, je demande pardon par avance à l'Académie française. Il y a vingt-deux ans, à Paris, j'ai été commis de bar. Je le suis resté dix semaines. Maintenant, je suis Premier ministre de la Grande-Bretagne, depuis dix mois. J'ai fait des progrès, je crois. Quand j'ai travaillé dans ce bar, Jacques Chirac était Premier ministre. Lui aussi a fait des progrès ! Mais un peu moins vite que moi ! Dans ce bar, il y avait un pot commun. On m'a dit qu'il fallait impérativement y mettre tous les pourboires. Au bout de deux mois, j'ai découvert que j'étais le seul à le faire ! C'était ma première leçon de socialisme appliqué ! Pardon ! »
Certains députés de la majorité sont ulcérés, les hôtes du gouvernement se sentent malmenés par cet humour très anglais.
Si certains en ont pris ombrage, ce n’est pas le cas de Jacques Chirac. Il le félicitera 2 mois après pour le succès du référendum sur la paix en Irlande le 23 mai 1998 et prononcera ces mots « C'est aussi un très bel exemple de ce que la volonté tenace de quelques hommes d'Etat peut accomplir. Ce succès est d'abord le vôtre et je veux ce soir vous en féliciter très chaleureusement. »