Coupe du Monde de football : des crampons d'or dans le désert.
L’édition 2022 du Mondial se prépare donc dans une atmosphère bouillonnante, sous un ciel jugé trop bleu cette année par beaucoup ! En effet, pour éviter la fournaise de l’été, elle se déroulera pour la première fois de l’histoire, en hiver au Qatar. La polémique déclenchée par le choix sidérant de ce pays d’accueil sans tradition historique pour le ballon rond, et où le thermomètre peut monter jusqu’à 50° en été, soulève, depuis son coup d’envoi, un nuage d’incohérences, un sentiment d’absurdité et un problème de conscience à ses fans.
Certes, les supporters commencent à se montrer dans les rues de Doha ; mais dans le reste du Monde, la fièvre du foot est au plus bas. À Londres, les drapeaux de tous les continents qui ornent habituellement balcons et pubs sont restés enroulés au fond des tiroirs. L’enthousiasme collectif qui avait rassemblé les expats fans des bleus en 2018 ne semble pas, à ce jour, faire vibrer la communauté française de la capitale.
Où sont donc passés les supporters tricolores ? Pourquoi les douches de bière déversées dans les pubs anglais il y a 4 ans se sont-elles apparemment asséchées en 2022 ?
Micro-état comme un confetti clinquant au milieu du Golf persique, le Qatar est un monde aux antipodes de notre quotidien en France ou ici au Royaume-Uni.
Un Emirat boulimique de grands événements sportifs (grand prix de Formule1 de Lusail, mondiaux d’athlétisme, de natation, de handball, peut-être les JO de 2036…) qui semble utiliser « sa » coupe du Monde de football comme vecteur de puissance hors de ses frontières.
Le richissime Emirat dépense sans compter, laissant de côté -aux yeux de beaucoup- les aspects éthiques, environnementaux, politiques et sanitaires de la compétition. Deux cents millions de dollars au profit d’un « football business » décrié par les professionnels. Nous nous sentons aujourd’hui loin de l’état d’esprit du sport lui-même, et des conditions de jeu « respectables ».
Cet automne 2022, le Qatar expose joueurs, public et infrastructures à d’innombrables défis comme climatiser des stades à ciel ouvert (8 au total au cœur du désert). En période de sobriété énergétique, cette mesure en a choqué plus d’un !
Afin de maintenir la température optimale pour l’effort physique (environ 23°), les infrastructures locales ont mis en place des systèmes de climatisation hors du commun : Le stade Khalifa utilisera l’air frais pour le renvoyer vers les joueurs et les tribunes ; au stade Al Janoub c’est une technique de circulation d’eau qui vise à refroidir l’air pour le diffuser sous les sièges et à hauteur du terrain.
Ces technologies baptisées « Dr Cool » ne sont pas une nouveauté : elles sont utilisées dans de nombreux stades aux États-Unis.
Débauche d'énergie certes, mais nécessaire pour protéger joueurs et spectateurs, chouchouter le gazon ou encore diminuer la moiteur et les odeurs corporelles dans les gradins. Ces technologies seront peut-être nécessaires en 2024 pour éviter de plonger Paris dans le bain-marie aux JO.
Le Docteur Nabli nous rappelle que « la chaleur extrême peut être très dangereuse pour les populations qui n’y sont pas habituées (souvenez-vous des 70 000 morts en Europe en 2003, les joueurs de tennis suffoquant pendant les qualifications de l’Open d’Australie ou même les soldats allemands en Egypte pendant la Seconde Guerre Mondiale…).
Notre organisme maintien sa température corporelle dans une fourchette étroite (autours de 36,8 °C ± 0,5). Lorsque la température extérieure augmente, la température corporelle augmente elle aussi. Les vaisseaux sanguins se dilatent et le rythme cardiaque s'accélère. Pour stabiliser sa température interne, le corps augmente son débit sanguin cutané et active les glandes sudoripares. Notre première réaction est donc de transpirer. En s'évaporant, la sueur permet de dissiper la chaleur au niveau de la peau. Ceci entraine une perte d'eau et de sels minéraux notamment de sodium.
Le coup de chaleur est l'effet le plus grave des températures élevées. Il peut survenir rapidement et entrainer des crampes (vous reconnaitrez ici les joueurs en souffrance en cas de prolongation d'un match), affecter le fonctionnement du cerveau et causer s'il n'est pas traité, confusion, syncope, voire la mort chez les sujets à risque (en surpoids, hypertendus, agés ou très jeunes ...). L'efficacité de la sudation dépend de la température extérieure, mais aussi de la saturation de l’air en eau qui peut freiner l’évaporation de la sueur. Elle peut entraîner une déshydratation ainsi qu’une perte d’électrolytes dangereuse pour le cœur. »
Malgré ces conditions difficiles et les sulfureux parfums de corruption qui émanent de ce Mondial 2022, aucune des 32 fédérations qualifiées n’a décidé de « rester à la maison » ; aucun footballeur sélectionné n’a choisi de ne pas jouer à Doha, aucun des médias spécialisés n’a envisagé de ne pas couvrir l’événement …
Alors, que le meilleur gagne ! et que le foot nous fasse rêver loin de l'actualité ! Moi en grande patriote expat, je dis « Vive les Bleus ! »