Londres autorise l'extradition aux Etats-Unis d'Assange, qui fera appel


L'Australien de 50 ans est poursuivi aux Etats-Unis, où il risque 175 ans de prison pour une fuite massive de documents confidentiels. Après un long bras de fer judiciaire à rebondissements, la justice britannique avait formellement donné son feu vert le 20 avril à sa remise à la justice américaine, mais il revenait à la ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel de signer un décret d'extradition, ce qu'elle a fait vendredi.


"Nous ne sommes pas au bout du chemin. Nous allons nous battre. Nous allons utiliser toutes les voies de recours", a réagi Stella Assange, l'épouse de l'Australien, lors d'une conférence de presse.


Visiblement émue, elle a expliqué que son époux voulait se "battre" mais a évoqué un risque de suicide. "S'il est extradé vers les Etats-Unis, les conditions dans lesquelles il se trouvera seront oppressives (...) Cela le poussera à se suicider."


A ses côtés, l'avocate Jennifer Robinson, qui défend Julian Assange, a confirmé qu'il ferait appel devant la justice britannique dans les 14 jours impartis "et si nécessaire devant la Cour européenne des droits de l'Homme". Le ministère de l'Intérieur britannique a validé l'extradition de Julian Assange en estimant que celle-ci n'était pas "incompatible avec ses droits humains, y compris son droit à un procès équitable et à la liberté d'expression", soulignant qu'aux Etats-Unis, l'Australien serait "traité de manière appropriée, y compris en ce qui concerne sa santé".


Des organisations de défense de la liberté de la presse s'opposent à cette extradition, craignant que malgré les assurances des autorités américaines, Julian Assange soit soumis à des conditions d'isolement en prison qui aggraveraient un risque de suicide. Pour Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International, l'extradition de Julian Assange "enverrait un message effrayant aux
journalistes du monde entier".

Bataille juridique

WikiLeaks a dénoncé "un jour sombre pour la liberté de la presse". "Je rappelle qu'Assange risque 175 ans de prison. Pour activité journalistique", a martelé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

De son côté, le leader de l'opposition de gauche en France Jean-Luc Mélenchon a affirmé, au dernier jour de la campagne des législatives, qu'il naturaliserait Julian Assange s'il était nommé Premier ministre. "Je crois qu'il en a présenté la demande, (Julian Assange) sera naturalisé Français et nous demanderons qu'on l'évacue chez nous", a-t-il déclaré. Il est réclamé par la justice américaine qui veut le juger pour la diffusion, à partir de 2010, de plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. "Le meilleur journaliste de notre époque a été donné en pâture à une gueule insatiable. Brûlez en enfer, salauds", a commenté Margarita Simonian, patronne de la chaîne d'information russe RT qui a employé Julian Assange.