Rectitude et désordre : exposition de Macarena Rojas Osterling à Marylebone

Pour saisir toute la beauté et la minutie du travail de Macarena Rojas Osterling il faut s’approcher près, tout près de ses œuvres. Et l’espace d’exposition intimiste choisi par la curatrice Jenn Ellis à Shreeji Newsagents (Marylebone) se prête parfaitement à l’exploration rapprochée de ses dessins réalisés entre 2020 et 2023.

Née à Lima, au Pérou en 1985, Macarena Rojas Osterling a d’abord suivi une formation en architecture et en photographie avant de se tourner vers le dessin et les beaux-arts. De cette formation initiale l’artiste conserve la précision architecturale que l’on retrouve dans tout son travail même si ses dessins évoquent aussi une grande liberté et fluidité. De la plume au crayon, Rojas Osterling navigue entre les médiums, explorant et exploitant leurs potentiels tout en s'affranchissant de leurs traditions.

Dans la veine des dessins automatiques des surréalistes, la pratique de Rojas Osterling incarne des flux de conscience sur papier. Ses dessins sont un espace dans lequel elle s’autorise à perdre le contrôle. Sa méthode de travail intuitive est associée à un sens de l'observation minutieuse et à une technicité quasi mathématique. Chaque dessin révèle en effet des motifs complexes qui s’apparentent au tissage. L'entrelacement complexe de lignes et de grilles forment des compositions à la frontière de l’ordre et du désordre. C’est précisément sur cette frontière que s’établit tout son travail : loin d’être strictement géométrique et ordonné il révèle aussi de petits gribouillis, des notes, des mots qui rappellent Kandinsky et Miró pour leur sens du mouvement, de la danse et de la fantaisie.

Cette exposition de Macarena Rojas Osterling coincïde aussi avec le lancement de son livre "Draughtswoman" (conçu par le studio de design Estudio Blanco, basé au Pérou). L’ouvrage retrace le parcours artistique de l’artiste en associant dessins et archives aux textes de la conservatrice Jenn Ellis, du compositeur Alex Mills et de l'architecte Max Moya. Ce livre dense permet de regarder les dessins de l’artiste « à la bonne distance » (c’est-à-dire au plus près). Que d’infirmes nuances de couleurs, de traits faussement rectilignes, de mots cachés, d’accidents. Ils débordent de références personnelles et racontent une histoire très réelle.

Macarena Rojas Osterling observe le monde et son environnement avec ses yeux, ses mains et son cœur. À travers ses dessins, elle raconte ce monde tel qu’elle le voit avec vulnérabilité tout en délicatesse pour qui s’approche suffisamment près tout près...

L'exposition de Macarena Rojas Osterling se tiendra du 7 au 13 mars 2024 à Shreeji Newsagents, 6 Chiltern St, Londres W1U 7PT (entrée libre).
Lancement du livre et discussion avec l’artiste et la commissaire Jenn Ellis animée par Charlotte Jansen, rédactrice d'Arts et Culture le mardi 12 mars, de 18 à 20 heures. RSVP : gema@apsarastudio.co.uk